Le petit frère. The little brother. Le bébé. The baby.
Mon fils sera toujours cela pour ses sœurs et ses parents.
Alors qu’il vient de vivre sa première semaine à l’université je sais qu’il n’est pas seulement le petit dernier derrière trois grandes sœurs.
Il est le dernier à quitter la maison familiale pour vivre sa vie d’adulte. Son départ est une porte qui se ferme sur les chapitres paisibles de l’enfance et ceux plus turbulents de l’adolescence.
Le départ de mon fils pour l’université en ce début d’automne marque aussi l’automne de ma vie.
Cette saison, ma préférée de toutes, rassemble cette année les essences d’un parfum évoquant la pluie, avec la mélancolie mais aussi l’espoir qui l’accompagnent.
Comme les écureuils qui se préparent pendant l’automne, cachant avec soin les glands qui leur seront si précieux pendant l’hiver, je fais le plein des moments de bonheur de ce dernier été alors que j’étais encore une maman à plein temps.
Au milieu des souvenirs familiaux de déjeuners en plein air, de ballades sur la plage, de livres lus et relus, de promenades en canoë, de diners aux chandelles, me reviennent aussi des instants fugitifs, vécus avec des gens de passage.
L’homme conduit un énorme pick-up et traine une tout aussi grande remorque. A la station service il bloque l’accès aux pompes. Sans un mot, mais avec précision, il guide mon mari qui parvient à glisser notre véhicule vers la pompe du milieu. Un hochement de tête conclut le deal. Quand nous partons il n’a pas encore fini de faire le plein et lève la main en signe d’adieu.
Nous sommes à Natchitoches. Etablie par Louis Juchereau en 1714, c’est la ville la ville la plus ancienne de Louisiane.
« Pour votre frigo, » me dit le chef du restaurant chinois en me glissant une carte de visite magnétique. « Et revenez vite, » ajoute-t-il avec un sourire immense.
Nous sommes à Tyler, dans une petite ville à l’est du Texas.
«C’est mon sapin d’automne, » me dit le propriétaire du petit restaurant mexicain.
Dans l’entrée se tient en effet un sapin artificiel décoré de guirlandes orange, de boules en forme de citrouilles et de petits épouvantails.
« Je change les décorations pour chaque saison et les grandes fêtes, » ajoute-t-il avec un sourire. « Et les petites entre deux. »
« C’est sympa, » lui dis-je.
« Je le fais pour les gens, » dit-il. « Tout le monde aime ça. »
Nous sommes à Santa Rosa, au Nouveau Mexique.
Tous ces moments ordinaires qui ne font que passer sont pourtant restés dans ma mémoire. Au milieu du tumulte généré par les news, de tout ce que l’on dit et écrit de négatif sur le comportement des autres, je trouve ces rencontres à peine ébauchées porteuses d’espoir.
Pendant les trois mois d’été j’ai aussi pris beaucoup de photos. Je remarque en les triant de nombreuses petites allées qui symbolisent pour moi les possibilités pleines d’espoir qui s’ouvrent en ce début automne.
Au bout de ma petite allée personnelle, il y a l’arrivée prochaine de Chronicles From Château Moines, mon roman pour enfants.
J’espère que vous m’accompagnerez sur le chemin de sa sortie.
En attendant, où que vous soyez, je vous souhaite un très bel automne.